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Pendant la crise ....

SALADES GRECQUES ?

... les affaires continuent

dimanche 21 février 2010 par JMT

La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a déclaré dimanche à Poitiers qu’une "grande entreprise mutualiste de Niort" avait l’"intention d’entrer au capital d’Heuliez".

Un accord minier entre le gouvernement jordanien et le groupe français Areva pour l’exploitation des gisements d’uranium dans le centre de la Jordanie, a été signé dimanche à Amman à l’occasion de la visite du Premier ministre français, François Fillon.

Les aides de la zone euro en faveur de la Grèce pourraient atteindre "entre 20 et 25 milliards d’euros", croit savoir l’hebdomadaire Der Spiegel, citant "des premières réflexions du ministère allemand des Finances".

En cet automne 2004, les débats sont électriques au Comité économique et financier (CEF). Les directeurs du Trésor de la zone euro, les représentants des banques centrales, de la Commission et de la Banque centrale européenne se réunissent à Bruxelles, comme chaque mois. Mais cette fois, ils sont sous le choc.

Maquillage de comptes ou habillage légal de bilan ? Sous le feu des critiques pour leur responsabilité dans la crise financière, les banques de Wall Street, Goldman Sachs en particulier, sont au coeur d’un nouveau scandale. Cette fois, il ne s’agit plus de "subprimes", ces crédits hypothécaires explosifs vendus à des ménages modestes, mais de produits financiers sophistiqués proposés à des Etats endettés pour enjoliver leurs comptes.

Même dans une pétromonarchie qui n’a pour ainsi dire pas senti la crise mondiale, grâce à l’argent du pétrole injecté par le gouvernement, un mauvais chiffre reste un mauvais chiffre. La Norvège a enregistré en 2009 un recul "historique" de son économie avec un recul de 1,5 % de son PIB, a annoncé l’Office norvégien des statistiques (SSB), jeudi 18 février.

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Royal annonce l’entrée d’une entreprise mutualiste dans le capital d’Heuliez

AFP, Mise a jour : 21/02/2010 17:47

La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a déclaré dimanche à Poitiers qu’une "grande entreprise mutualiste de Niort" avait l’"intention d’entrer au capital d’Heuliez".

AFP/Archives La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, le 18 Février 2010 à Marcay

"Une grande entreprise mutualiste de Niort va annoncer mercredi son intention d’entrer au capital d’Heuliez", a assuré l’élue lors de l’enregistrement d’un débat télévisé sur France 3 avec Dominique Bussereau, chef de file de l’UMP pour les élections régionales en Poitou-Charentes.

Interrogée à la sortie du débat par un correspondant de l’AFP, Mme Royal n’a pas souhaité dévoiler le nom de l’entreprise mutualiste concernée.

"Depuis que la région a décidé d’entrer dans le capital d’Heuliez, j’ai toujours dit qu’il faudrait élargir le pacte d’actionnaires", a-t-elle simplement ajouté.

L’équipementier automobile Heuliez est "au bord de l’abîme" et a d’urgence besoin d’un investisseur pour remplacer son repreneur, le cabinet de conseil BKC (Bernard Krief Consulting), et éviter le dépôt de bilan, avait indiqué vendredi à l’AFP Emile Brégeon, élu CFDT au comité d’entreprise.

Le syndicaliste, qui avait évoqué "un risque énorme de dépôt de bilan", avait préconisé la venue d’"un repreneur qui investisse très concrètement dans quelques jours sur le compte en banque de l’entreprise".

Le débat entre Mme Royal et M. Bussereau devait être diffusé dimanche à 23H30 sur France 3 Poitou-Charentes.

Le Premier ministre français à Amman : signature de deux accords nucléaires

AFP, Mise a jour : 21/02/2010 16:29

Un accord minier entre le gouvernement jordanien et le groupe français Areva pour l’exploitation des gisements d’uranium dans le centre de la Jordanie, a été signé dimanche à Amman à l’occasion de la visite du Premier ministre français, François Fillon.

AFP Le premier ministre français François Fillon et le roi de Jordanie Abdallah II à Amman le 21 Février 2010

Cet accord intervient alors que Areva a entamé en octobre 2008 l’exploration de gisements d’uranium dans cette région où des études ont relevé l’existence de 70.000 tonnes de roches carbonatées.

Le montant potentiel de cet accord s’élève à 600 millions de dollars, selon Matignon.

Par ailleurs, un accord entre les gouvernements français et jordanien pour la création d’un organisme de formation pour les ingénieurs et techniciens dans le domaine nucléaire et de l’énergie a également été signé dimanche, a annoncé M. Fillon lors d’une conférence de presse.

M. Fillon a également indiqué qu’il a évoqué avec son homologue jordanien, Samir Rifaï, l’offre des entreprises françaises pour la construction de centrales nucléaires dans le golfe d’Aqaba, sur la mer Rouge.

"Notre objectif est d’apporter à la Jordanie un partenariat complet à la fois sur la formation et sur la maîtrise d’une technologie pour que la Jordanie et les autres pays de la région puissent accéder au nucléaire civil", a-t-il dit.

"Nous avons discuté des offres des entreprises françaises s’agissant de la construction d’une centrale nucléaire en Jordanie. Nous allons faire les meilleurs offres possible", a-t-il ajouté

Areva est candidate pour la construction de deux centrales dans le golfe d’Aqaba "représentant plusieurs milliards d’euros", toujours selon Matignon.

Quatre régions ont été délimitées pour l’exploration de l’uranium, qui se trouve en Jordanie sous forme de roches carbonatées et dans le phosphate.

Selon les estimations, les réserves de phosphate de la Jordanie (1,2 milliard de tonnes) contiendraient 130.000 tonnes d’uranium.

Mais Amman a donné la priorité à l’exploration de mines d’uranium, plus rapide et moins coûteuse.

Le Premier ministre français est arrivé samedi soir à Amman pour une visite de 24 heures.

Zone euro : jusqu’à 25 milliards d’euros d’aides prévues à la Grèce, selon la presse

AFP, Mise a jour : 20/02/2010 23:16

Les aides de la zone euro en faveur de la Grèce pourraient atteindre "entre 20 et 25 milliards d’euros", croit savoir l’hebdomadaire Der Spiegel, citant "des premières réflexions du ministère allemand des Finances".

AFP Une femme devant un magasin à Athènes le 19 Février 2010

La part de financement de chaque pays se calculerait en fonction de la part qu’il détient dans le capital de la banque centrale européenne (BCE), écrit le magazine dans son édition à paraître lundi.

L’Allemagne devrait ainsi contribuer à hauteur de presque 20% de ces aides composées en partie de crédits et de garanties, soit l’équivalent "de quatre à cinq milliards d’euros", explique Der Spiegel.

Les dirigeants européens ont assuré la Grèce de leur solidarité pour empêcher tout risque de faillite du pays, surendetté, et défendre la zone euro dans son ensemble, mais sans annoncer aucune aide financière concrète.

Ils ont également entériné une série de mesures pour placer Athènes sous une surveillance budgétaire inédite, lui demandant d’annoncer des économies supplémentaires dans les semaines à venir si cela est nécessaire.

La Grèce a promis de réduire son déficit public de 12,7% du PIB en 2009 à 8,7% en 2010 et moins de 3% en 2012. Elle a annoncé pour cela un vaste programme d’économies, qui sera mis en place sous le contrôle de la Commission.

La Grèce au bal des hypocrites

LE MONDE 19.02.10 17h38

En cet automne 2004, les débats sont électriques au Comité économique et financier (CEF). Les directeurs du Trésor de la zone euro, les représentants des banques centrales, de la Commission et de la Banque centrale européenne se réunissent à Bruxelles, comme chaque mois. Mais cette fois, ils sont sous le choc.

José Manuel Barroso (à droite) et Costas Caramanlis, alors premier ministre grec, lors d’un sommet européen, le 1er mars 2009.

Le ministre des finances grec, George Alogoskoufis, vient de présenter au Parlement le résultat de l’audit engagé par les conservateurs, après leur victoire en mars. Les comptes publics de la Grèce s’avèrent sans rapport avec les chiffres annoncés jusque-là : en 2000, le déficit n’était pas de 2 % du produit intérieur brut (PIB), mais de 4,1 %. En 2001, l’année où le pays est entré dans la zone euro, il n’était pas de 1,4 %, mais de 3,7 %. En 2003, idem. En 2004, il n’était pas de 1,2 %, mais de 5,3 %... L’appareil statistique sur le recensement des dépenses, les hypothèses de croissance, le calcul de la dette, les reportings de la Grèce à Eurostat (office européen des statistiques), toutes les données étaient fausses. Dans ces proportions-là, du jamais-vu.

Au sein de la Banque centrale européenne (BCE), l’exaspération est à son comble. "Tout le monde était très agacé. On a eu le sentiment de s’être faits avoir", se souvient l’une des membres du comité de politique monétaire de l’institution. Les relations entre la BCE et la déléguée grecque étaient déjà "épineuses", se souvient-elle. "La manière de faire les présentations de comptes n’était pas toujours très soignée. Cela ne donnait pas une impression de sérieux."

Au Comité économique et financier, c’est aussi la douche froide : la Grèce a menti. Plus ou moins légalement, afin d’arranger ses comptes et d’entrer en douceur dans la zone euro. Poliment, on la regarde soudain d’un autre oeil : comme un passager clandestin de l’Union monétaire. Au comité, les représentants de l’Etat grec font profil bas. Evasifs, ils font porter la faute sur le gouvernement socialiste, promettent des clarifications.

Une fois de plus, une fracture se dessine entre le Sud et le Nord : "La solidarité latine contre la rigueur germanique, avec les Français et les Belges comme arbitres", résume Jean-Pierre Jouyet, alors directeur français du Trésor. Jürgen Stark, à l’époque sous-gouverneur de la Banque centrale allemande, demande une surveillance renforcée de ces Etats entrés sur le tard dans l’Union européenne (UE), affublés du surnom peu sympathique de "pays du club Med". L’Italie, l’Espagne, le Portugal craignent de se voir assimilés à l’accusé : "On ne savait pas si c’était la fin ou le début de l’histoire. On avait peur de la contagion", indique un participant. "Quant à moi, dit M. Jouyet, ma position était légaliste : "La Grèce a triché, il faut la sanctionner.""

Mais la Grèce n’est pas sanctionnée. C’est comme ça : l’Union européenne met en garde, distribue des cartons jaunes, mais ne sévit pas. Jamais. Pourquoi ? "Parce que les Européens, ce sont les Tontons flingueurs", plaisante M. Jouyet, désormais président de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Comme dans le film de Georges Lautner, précise-t-il, tout le monde se tient par la barbichette, craint d’être "éparpillé façon puzzle" et fait la paix dans la cuisine autour d’un alcool à la pomme. Si les Etats membres sont indignés par les tricheries à grande échelle de la Grèce, aucun n’a intérêt, pour des raisons différentes, à crier haro sur ce pays. Chacun a plus à y perdre qu’à y gagner. Conclusion : les Tontons flingueurs n’ont pas flingué.

L’affaire grecque de 2004 survient dans un contexte politique où l’euro (mis en place le 1er janvier 2002) en est à ses balbutiements, où les gardiens du temple sont peu regardants. Après le 11 septembre 2001, les économies patinent. La monnaie unique est faible.

Rares sont les Etats de l’eurozone qui n’ont rien à se reprocher : les Irlandais ont trop d’inflation, une croissance en surchauffe. Ils ne respectent pas la "ligne de conduite économique" de l’UE ; les Allemands, les Français et les Italiens font exploser leurs déficits et, avec eux, les règles du pacte de stabilité. Personne n’est puni. Giovanni Ravasio, à la Commission, met en garde M. Jouyet. "Il m’a dit : "Jean-Pierre, si le Conseil laisse passer l’Irlande sans rien dire pour non-respect de la politique économique, vous pouvez dire au revoir à la discipline européenne.’’"

Par ailleurs, chacun a ses petites tricheries légales, ses zones grises de comptabilité, ses tours de passe-passe comptables. La France a bénéficié d’un versement exceptionnel de France Télécom, lors du changement de statut de l’opérateur. L’Allemagne a fait de même avec les recettes des licences pour l’exploitation de la norme de téléphonie mobile UMTS, et joue sur la séparation des budgets de l’Etat fédéral et des Länder.

Dans cet exercice, pour profiter des ambiguïtés du langage comptable et pratiquer la débudgétisation, l’Italie reste la grande championne. Avec l’accord de Bruxelles, elle multiplie les opérations de titrisation de ses dettes : revendues au marché sous la forme de titres financiers, ses créances disparaissent de son déficit. "C’était conforme. Mais quand l’Italie faisait ça, on rigolait bien, se souvient René Defossez, opérateur sur les marchés. On se disait : "Ils sont encore en train de tripatouiller leurs comptes !’’"

Les banques les plus prestigieuses sont mandatées pour "aider" certains Etats à présenter les comptes publics sous un meilleur jour. Au service de la Grèce, Goldman Sachs permet au pays de "gommer" l’équivalent d’un milliard d’euros de dette publique en 2001. Et la banque JP Morgan, explique un banquier, "faisait pareil avec l’Italie".

En 2005, le magazine Euromoney va jusqu’à évoquer "l’Enronisation" des comptes publics européens - du nom de cette entreprise américaine, Enron, au coeur de l’un des plus grands scandales financiers de Wall Street. "La créativité comptable n’est pas le monopole des entreprises privées", ironise l’économiste Jean-Paul Fitoussi.

Dans ce contexte d’hypocrisie généralisée, la Grèce peut-elle être accusée de ce que certains qualifiaient de "mensonge d’Etat" ? "Tous ceux qui disent que (le gouvernement socialiste) a falsifié les chiffres mentent", défend Iannos Papantoniou, ministre socialiste des finances de 1994 à 2001. Il dit sans détour ce que formule plus poliment l’actuel premier ministre socialiste, Georges Papandréou.

Selon les protagonistes grecs, les variations de l’affichage des déficits grecs ne sont pas le produit d’un "mensonge" voué à rester dans les clous exigés par l’Europe, mais d’un changement de règle comptable pour plomber le budget du gouvernement précédent. En 2004, ce changement de règle a joué sur l’affectation du budget de la défense, important en raison du conflit latent avec la Turquie : les conservateurs ont pris en compte la date de la commande des armes plutôt que celle de leur livraison.

"La Commission européenne recommandait pourtant notre méthode comptable", s’indigne l’ancien ministre socialiste, M. Papantoniou. Qui accuse : "Je pense qu’il y a eu une complicité entre M. Caramanlis et M. Barroso (président de la Commission et ami politique des conservateurs). La Commission a accepté un changement des règles de comptabilité contraires aux usages pour aider les conservateurs. Elle a encouragé l’amalgame, et c’est une grave erreur."

Yannis Stournaras, conseiller économique du gouvernement grec de 1994 à 2000, renchérit : " Il ne s’agit pas de falsification, mais seulement d’une mauvaise gestion de la situation par le gouvernement inexpérimenté des conservateurs, qui voulaient se débarrasser du fardeau des dépenses militaires, en les attribuant au passé." Il ajoute : "Ils ne savaient pas que ce changement provoquerait un tel scandale au sein de la zone euro."

A tort ou à raison, cet épisode de 2004 marque un tournant pour la Grèce : dès lors, sa crédibilité est entamée. Le pays deviendra un objet de défiance pour les investisseurs et la cible des spéculateurs. Mais qui est le plus coupable ? La Grèce, qui a truqué ses chiffres, où l’UE, qui n’a rien vu et n’a puni personne ? Comme le remarque Didier Reynders, ministre des finances belge et ancien président de l’Eurogroupe, "la crédibilité est ébranlée à plusieurs niveaux : tant à celui du gouvernement grec qu’à celui de l’UE et de la zone euro qui n’ont pas vérifié les chiffres". Un haut diplomate français renchérit : "La Commission européenne doit jouer un rôle de gardien et d’alerte. Barroso n’a pas été aussi vigilant qu’il aurait dû l’être."

C’est le péché originel de l’UE et de la zone euro : un système de confiance mutuelle, sans garde-fou, sans instances de surveillance, sans l’autorité d’arbitre dont bénéficie le Fonds monétaire international (FMI) pour remettre au carré la comptabilité des pays.

Mais les Européens accepteraient-ils de se doter d’une telle instance qui vienne se mêler de leurs affaires statistiques ? L’interventionnisme n’est pas tout à fait du goût de cette vieille maison, l’Union européenne, où l’on aime tant les petits arrangements entre amis.

Claire Gatinois et Marion Van Renterghem

La Grèce n’est pas la seule à "maquiller" sa dette

LE MONDE 19.02.10 15h51

Maquillage de comptes ou habillage légal de bilan ? Sous le feu des critiques pour leur responsabilité dans la crise financière, les banques de Wall Street, Goldman Sachs en particulier, sont au coeur d’un nouveau scandale. Cette fois, il ne s’agit plus de "subprimes", ces crédits hypothécaires explosifs vendus à des ménages modestes, mais de produits financiers sophistiqués proposés à des Etats endettés pour enjoliver leurs comptes.

Sous le feu des critiques pour leur responsabilité dans la crise financière, les banques de Wall Street, Goldman Sachs en particulier, sont au centre d’un nouveau scandale AFP CHRIS HONDROS

Encore une fois, la Grèce est au coeur de cette affaire. Mais le pays est, semble-t-il, loin d’être le seul à avoir eu recours à des astuces financières conseillées par des banques de New York et de Londres. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie le Portugal ont, eux aussi, "optimisé" leurs comptes avec l’aide de Goldman Sachs, JP Morgan, Barclays ou encore "feu Lehman Brothers".

Dans le cas grec, la très controversée Goldman Sachs aurait, selon la presse allemande et américaine, offert ses services à Athènes pour réduire, en 2001, ses déficits en utilisant des "swaps de devises". Un outil qui permet de se protéger des effets de changes en transformant en euros la dette initialement émise en dollars et en yens.

"Légal !", affirment les autorités grecques. Sauf que le taux de change utilisé ici aurait été exagérément favorable. Bilan de l’opération : 1 milliard d’euros de dette gommée pour le pays et 300 millions de commissions empochés par la banque.

"Ce serait une honte s’il s’avérait que les banques, qui nous ont déjà amenés au bord du précipice, ont également participé à la falsification des statistiques budgétaires de la Grèce", a réagi la chancelière allemande, Angela Merkel, mercredi 17 février.

La Grèce a-t-elle triché ? Peut-être, mais dans les faits, le savoir-faire des banques américaines a profité à de nombreux pays. "Il s’agit d’opérations naturelles, qui participent de la bonne gestion de la dette", assure un émetteur de dette souveraine en Europe. Les mécaniques sont variées. "Elles n’ont de limites que la créativité des financiers", indique un ancien haut responsable de banque.

L’Italie a fait partie des pays les plus friands de cette ingénierie financière. Le pays a notamment multiplié les opérations de titrisation de sa dette. Autrement dit, l’Etat a revendu au marché ses créances sous forme de titres financiers pour se débarrasser de sa dette. La Belgique, de son côté, a titrisé des arriérés fiscaux, se souvient un opérateur sur le marché de la dette : "C’était en 2006." Le pays a ainsi évité d’emprunter de l’argent, faute d’avoir perçu à temps les sommes dues par les contribuables.

Certains Etats ont vendu de la dette indexée "sur un peu n’importe quoi", indique un opérateur de marché. Exemple : ces emprunts grecs émis en 2000, dont le remboursement des intérêts était adossé aux profits attendus de la loterie nationale !

"Quand on est "limite’’, on a forcément la tentation d’utiliser ces astuces-là pour essayer de réduire sa dette, commente René Defossez, stratège sur le marché des taux chez Natixis . Ce n’est pas très orthodoxe, mais ce n’est pas forcément contestable."

La France n’a pas été pas absente du jeu. Le pays assure n’avoir jamais eu recours aux services de Goldman Sachs. "Nous ne faisons sans doute pas d’opérations assez "funky’’sur la dette française", indique-t-on au Trésor.

Mais jusqu’en 2002, le pays a utilisé des outils financiers complexes de couverture (des "swaps de taux") pour modifier les échéances de remboursements de sa créance. A première vue, grâce à ces artifices, tout le monde est gagnant. "Pour les Etats, ces opérations permettent de reporter la dette à plus tard. Et pour les banques, ce sont des promesses de marges juteuses", indique Emmanuel Fruchard, consultant en risques financiers. Les établissements empocheraient en moyenne 1 % voire plus des montants de dettes émis.

Sur ce "marché", les banques anglo-saxonnes ont été particulièrement actives et recherchées. Du fait de leur savoir-faire, mais aussi "en faisant miroiter un accès direct à des investisseurs étrangers comme des fonds de pensions", indique l’économiste Philippe Brossard, de l’agence Macrorama.

Pour lui, "fignoler" de la sorte la structure des déficits publics n’est pas sans risque. Si l’Etat semble gagnant à court terme, il peut être contraint par la banque à rembourser des intérêts beaucoup plus lourds à long terme. Le New York Times raconte ainsi que le ministre grec des finances avait dénoncé, en 2005, l’opération de Goldman Sachs, se plaignant du fait que l’Etat devait rembourser de grosses sommes à la banque américaine jusqu’en... 2019. " En utilisant des outils sophistiqués, les Etats se rendent dépendants des banques, ajoute M. Brossard. Certains avaient traité avec Lehman Brothers et se sont inquiétés lorsque l’établissement a fait faillite."

Conscient du danger, Eurostat, l’institut européen de statistiques, censé valider ces opérations, a mis en 2008 le holà à certaines pratiques, en déconseillant, notamment le recours à la titrisation.

Est-ce assez ? Pour Michel Sapin, ancien ministre français des finances et secrétaire national du Parti socialiste à l’économie, "une régulation plus contraignante est absolument nécessaire sur le marché. D’autant plus qu’il s’agit ici de la signature d’un Etat".

Claire Gatinois et Marie de Vergès

En 2009, la Norvège a connu une récession historique mais presque indolore grâce à l’argent de son pétrole

LE MONDE 19.02.10 15h01 Stockholm Correspondance

Même dans une pétromonarchie qui n’a pour ainsi dire pas senti la crise mondiale, grâce à l’argent du pétrole injecté par le gouvernement, un mauvais chiffre reste un mauvais chiffre. La Norvège a enregistré en 2009 un recul "historique" de son économie avec un recul de 1,5 % de son PIB, a annoncé l’Office norvégien des statistiques (SSB), jeudi 18 février.

Drapeau norvégien

Le pays le plus développé au monde

Population : 4,8 millions d’habitants.

Monnaie : couronne norvégienne.

Indice de développement humain : 0,971 (1er rang mondial).

PIB : +3,1 % en 2007, +2,1 % en 2008, - 1,5 % en 2009.

PIB par habitant (2008) : 94 387 dollars (2e rang mondial).

Taux de chômage : 2,6 % en 2008, 3,2 % en 2009.

Solde des administrations publiques : +18,8 % du PIB en 2008, +9,6 % en 2009.

(Sources : OCDE, FMI)

Dans ce pays qui s’est formidablement enrichi depuis la découverte de pétrole puis de gaz en mer du Nord en 1969, la notion de crise est toute relative. "La crise ? Ce n’est pas vraiment le bon mot, rigole franchement Ann Lisbet Brathaug, directrice de la comptabilité nationale chez SSB. Le PIB a reculé, mais bien moins que dans la plupart des autres pays. On le doit en grande partie au fait que le gouvernement a augmenté sa contribution à l’économie norvégienne."

Il y a un an tout juste, le premier ministre travailliste, Jens Stoltenberg, avait annoncé qu’il allait utiliser plus d’argent du Fonds du pétrole que d’habitude pour combler le déficit budgétaire et atténuer les effets de la crise. L’excédent des recettes des hydrocarbures est transféré sur un Fonds du pétrole où l’argent est placé en actions et obligations internationales.

Depuis 2001, une loi prévoit que seul le "rendement réel" des actifs du Fonds du pétrole, géré par la Banque de Norvège, peut normalement être transféré au budget de l’Etat, autorisant habituellement le gouvernement à dégager 4 % de la valeur du fonds pour équilibrer son budget. Ce qui signifie en gros que l’on ne dépense que les intérêts sans toucher au capital.

Une règle de gestion prudente qui n’empêche pas, au besoin, le gouvernement de faire quelques écarts. En 2009, le gouvernement s’est ainsi permis une rallonge de 33 milliards de couronnes (4 milliards d’euros) supplémentaires par rapport au rendement réel du Fonds du pétrole. La croissance réelle des dépenses publiques, qui devait être de 3,25 % entre 2008 et 2009, a ainsi été portée à 6,5 %.

Le même apport d’argent du pétrole a été effectué dans le budget 2010. "Il y a débat actuellement mais le retour aux règles normales d’utilisation du Fonds du pétrole devrait avoir lieu pour le budget 2011", note Ann Lisbet Brathaug.

Norges Bank Watch, un groupe de surveillance de la banque centrale constitué d’économistes, a déclaré jeudi s’inquiéter du fait que, si la politique fiscale actuelle se poursuivait, cela pouvait constituer un défi de taille pour la Banque de Norvège. Beaucoup des mesures de relance du gouvernement pour contrer la crise financière sont ainsi devenues des dépenses permanentes dans le budget de l’Etat.

Si, au quatrième trimestre, la croissance n’a pas été autant au rendez-vous que prévu (+0,3 % seulement), les exportations, notamment dans les secteurs les plus touchés des industries métallurgiques, ont repris depuis la mi-2009. L’activité encore réduite du BTP a contribué à freiner la reprise.

Mais la consommation privée augmente à nouveau assez rapidement dans ce royaume qui est l’un des pays les plus chers du monde. "La plupart des Norvégiens n’ont pas du tout senti la crise", constate Ann Lisbet Brathaug. Ceux qui ont du travail, la majorité d’entre eux donc, ont au contraire bénéficié de la chute des taux d’intérêt, passés de 5,75 % à l’automne 2008 à 1,25 % à l’été 2009. Ils ont légèrement remonté depuis cet automne et sont maintenant à 1,75 %.

Même si, vu de l’étranger, cela reste encore quasiment du plein-emploi, le taux de chômage, selon SSB, devrait monter de 3,2 % fin 2009 à 3,9 % en 2011. La prudence reste de mise : "Le chômage est relativement faible, mais le taux d’emploi a reculé plus que nous n’avions prévu", note Svein Gjedrem, le directeur de la Banque centrale.

Olivier Truc


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