AID Association initiatives dionysiennes
33 ème chronique de la Macronésie

Macron à Davos : une approche néo-libérale noyée dans un discours altermondialiste

par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

jeudi 22 février 2018 par JMT

Voici comment j’introduisais la diffusion à quelques listes amies du lien relayant le discours prononcé la veille au Forum Economique Mondial de Davos par Jupiter soi-même : " C’est le président de la France ce vendeur d’aspirateurs, enfonceur de portes ouvertes ? Si c’est ça Davos, quel gaspillage de temps et de moyens ! Au passage bravo pour les niais qui ont voté pour lui aux présidentielles et pour LREM ensuite ! Comme disait Marchais de Giscard en Mai 1974 : “il parle déjà la langue de ses maîtres !” :-) Tout à fait inutilement d’ailleurs : quand on parle une langue partagée par 15% des pays de la planète, en un lieu où il y a de la traduction simultanée, on n’a pas besoin d’utiliser une autre langue pendant la moitié de son discours, au demeurant à peu près dépourvu d’intérêt ! C’est donc bel et bien un symbole d’inféodation qu’il nous sert là. C’est sûr aussi que pour les Européennes, il va leur falloir beaucoup plus de temps d’antenne (LREM veut s’octroyer 155% de temps en plus) qu’aux autres partis pour débiter leurs platitudes.

Malgré quelques retours d’amis pas d’accord, je n’en change rien. CE DISCOURS ETAIT TOTALEMENT PREVISIBLE.

Sur le "vendeur d’aspirateur" : le "double discours" s’adresse en premier aux autres membres du gang présents à Davos pour leur signifier : "les gars, on commence à sacrément merder, le populo ne suit plus aveuglément, il y a des emmerdeurs qui arrivent même à faire rater quelques beaux coups, ça pourrait sentir le roussi pour nos affaires si on ne traite pas le problème."

Mais (et n’oublions pas que chez ces gens-là (merci Jacquot !), on est toujours en compétition entre soi :-), il en profite pour leur montrer l’exemple : "moi je sais causer au populo, j’ai créé mon parti aux ordres, je sème la pagaille dans les partis adverses, et j’apparais à beaucoup comme un moindre mal, mieux que le capitaine de pédalo emporté par un tourbillon de l’histoire, et toujours mieux que la blondasse qui s’emmêle les pinceaux, normal j’suis bogosse, demandez à ma meuf :-).

N’oublions pas qu’en Juin 2019 il y a l’élection européenne où tout a été fait (circonscription nationale unique, traficotage du temps d’antenne pour la campagne officielle, maintien du seuil de 5% et soutien discret à la multiplication de mouvements qui feront moins de 5%, toutes voix perdues) pour que les soutiens du président ( LREM + MODEM + alimentaires de tous bords à remercier ou à écarter dans un placard doré) l’emportent largement . Plus européen d’Emmanuel, tu meurs, ça vaut bien de se coltiner Angela !

Quand à son programme politique, il l’applique....enfin son VRAI programme, pas les conneries qu’il a déblatérées pendant la campagne, comme celles qu’il avait suggérées au capitaine de pédalo 5 ans avant, 6 mois avant de tourner brutalement casaque.

NE JAMAIS CROIRE LES PROMESSES DES POLITIQUES, elles n’engagent que les naïfs qui les écoutent, surtout quand elles sont en décalage complet avec l’essence même de la personne : banquier un jour, banquier toujours ! Il n’y a qu’à Lourdes qu’on croit aux miracles et il faut parfois 10 ans à une Eglise, décidément souvent en avance, pour en reconnaître un quand la science reste coite.

Et en cette année du 50ème anniversaire des événements de 1968 que Macron veut fêter officiellement, je vous propose ce slogan : "Faites le coït, pas le coi !" (Y’a pas d’quoi jouer au quoit au QwaQwa :-)

Macron à Davos : une approche néo-libérale noyée dans un discours altermondialiste

Le 23 janvier 2018, Emmanuel Macron tenait un discours au forum économique mondial de Davos, et a semble-t-il étonné tout son monde, enfin tout le monde médiatique français, avec ses accents résolument altermondialistes. Toutefois méfions-nous des leurres.

D’abord sur la forme : le premier tiers en anglais, langue que notre président maîtrise à peu près bien sur le plan syntaxique, où il brosse à coups de grand traits la crise de la globalisation, en pointant dès la deuxième minute l’ennemi, les nationalismes et les extrémismes.

L’utilisation de l’anglais n’est pas anodine : c’est à vous, grands de ce monde, que je m’adresse (le parterre des élites économiques et politiques). Il décrit les mauvais résultats de cette mondialisation : déficits publics, défaut de croissance, chômage. En dépit de ce diagnostic, il veut montrer aux classes moyennes et laborieuses les bienfaits de cette mondialisation.

Puis il passe à l’exemple français, et veut rendre son pays plus innovant et plus compétitif, pour la rendre plus juste : or si notre (nos !) sociétés sont injustes, c’est bien la faute au néolibéralisme. L’indice de Gini, qui mesure les inégalités, est de 0.29 en France en 2017 (INSEE), alors qu’il est inférieur à 0.2 dans les pays nordiques. C’est la pensée contradictoire, complexe, de Macron : dire le tout et son contraire. On se croirait dans un monde « orwellien » : la guerre, c’est la paix, la liberté, c’est l’esclavage, l’ignorance, c’est la force. Même rhétorique sur la gestion des entreprises, ou sur la justice sociale. Il termine la version « internationale » par « France is back ». D’où, on se le demande.

Puis vient son discours sur l’Europe, et là, il prend le français, dont il connaît toutes les subtilités linguistiques. Comme s’il s’adressait désormais non plus au parterre, mais à ses concitoyens. Le discours s’inscrit dès lors à deux niveaux de lecture. Quelques exemples :

- La croissance n’est pas une finalité en soi, et l’on a oublié les sacrifices que les Français ont faits pour l’obtenir… Elle est structurellement de moins en moins juste (discours altermondialiste). Exactement le contraire de ce qu’il a dit en anglais précédemment.

- La bonne option pour certains (Trump, les nationalistes, les extrémistes) serait d’en sortir (de la mondialisation) car la menace est l’effondrement (discours altermondialiste). Deuxième lecture : ça commence à se voir que ça ne marche pas. Sous-entendu : les gens remettent en cause le système, mais pas nous, il nous faut donc convaincre les classes moyennes et laborieuses du bénéfice de la globalisation. Donc nous avons un déficit d’explication.

Puis vient le cours d’économie comparée : Schumpeter, le théoricien de l’évolutionnisme économique, comparé à Darwin, pour un retour du darwinisme social, le cauchemar de Darwin : les plus faibles s’adaptent ou meurent. L’on s’aperçoit là que Macron n’est pas un simple pantin du libéralisme mondial. Beaucoup plus intelligent, il se fait passer pour l’homme du bien commun, mais appartient bien au monde des tenants du système.

Nous n’en sortirons pas, ce sont les « méchants » qui veulent en sortir : le boucle est bouclée. Le jeu du double langage est très développé chez notre président. Il va même plus loin en invoquant un contrat mondial entre investisseurs, banques et entreprises : tout ce qui nous a amené où nous sommes. C’est brillant : « on va vous convaincre de rester dans le système, vous les pauvres », avec le sous-entendu aux riches : « les gars, ça commence à chauffer pour nous ». Il nous faut donc, pense-t-il, adapter le système pour survivre et pouvoir continuer à engranger nos dividendes. Ainsi la régularisation du système financier par le FMI : attaquons nous au bitcoin, au shadow banking, aux monnaies virtuelles, comme si la menace était celle-là, comme si ces trois enjeux étaient responsables de l’appauvrissement des populations.

S’ensuit la feuille de route pour ne pas perdre le pouvoir.

En conclusion : notre président, plus brillant que ses prédécesseurs, reste bien dns la même veine néolibérale et mondialisante, il n’est pas là pour le bien commun ou la survie de l’Humanité (pas un mot sur le réchauffement climatique si ce n’est la boutade initiale où il se fout des climato-sceptiques), mais pour la poursuite du néodarwinisme social de Schumpeter. Le même modèle nous est vendu de façon plus fine, mais le même modèle nous est vendu.

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID http://aid97400.lautre.net

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CM33 Macron à Davos

VIDEOS

* Discours du Président de a République, Emmanuel Macron au Forum économique mondial à Davos. sur le site elysee.fr

* Emmanuel Macron à Davos : un discours de leader ? par RT France, Ajoutée le 24 janv. 2018

Après l’intervention d’Emmanuel Macron à Davos, Guillaume Duval, éditorialiste pour Alternatives économiques, estime que le discours d’Emmanuel Macron « avait de la gueule » mais que sa popularité était aussi due à la « faiblesse des autres dirigeants ».

* CE QUE MACRON DIT VRAIMENT dans ses discours par Tatiana Ventôse, ajoutée le 3 févr. 2018

Le sens caché du discours d’Emmanuel Macron à Davos.

MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Vendredi 23 Février 2018 - 16:52

* Courrier des lecteurs dans Imaz Press Réunion du Jeudi 22 Février à 23H42 / Actualisé le Jeudi 22 Février à 23H44

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.fr

* Courrier des lecteurs dans le JIR

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien


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